Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 31 —

frances du peuple, et, pour tout remède, lui aussi a indiqué l’absolue nécessité de l’organisation du travail.

M. Enfantin : — ce nom inspire à bien des gens une vive antipathie : — Cependant il faut rendre justice à chacun, et savoir faire la part du bon et du mauvais qui se trouve dans un homme. — Chef d’école, qu’a fait M. Enfantin ? — Certes il a commis des fautes graves, on peut même dire que c’est lui, premier disciple de Saint-Simon, qui a détruit, anéanti pour jamais !… cette école saint-simonienne, à laquelle se ralliaient des hommes si remarquables, et qui avait sur toutes les questions sociales des vues si avancées. — Mais à côté de ces fautes réellement désastreuses et irréparables, on doit le reconnaître, il a donné un grand exemple. — M. Enfantin, le premier, a tenté la réalisation du précepte de Saint-Simon, et il a proclamé aussi, comme loi fondamentale de la doctrine saint-simonienne, la réhabilitation et la sainteté du travail manuel. Cette réhabilitation, à elle seule, renferme le changement radical de la société.

Dans tous les temps le travail manuel a été et est encore aujourd’hui méprisé. Celui qui travaille des mains se voit repoussé avec dédain partout ; ceci est un préjugé infiltré dans les mœurs de tous les peuples et qu’on retrouve jusque dans leur langue. — À cet égard, il n’y a qu’une opinion, qui est de considérer le travail manuel comme dégradant, honteux, et presque déshonorant pour celui qui l’exerce[1]. Cela est tellement vrai que le travailleur

  1. Afin que les ouvriers ne croient pas que je fais ici de la poésie ou de l’imagination, je vais reproduire, en partie, un procès fort curieux qu’ils pourront lire tout au long dans la Gazette des Tribunaux du 7 juillet 1841. Ils verront comment, de nos jours, le travail manuel est apprécié, et cela en plein tribunal.