a voulu que cette loi devint vivante, et avec cette autorité supérieure que lui donnait son titre de chef reli-
transporterait, à 900 lieues de distance, au sein d’une colonie
barbare. Son entretien a dû, vu les ressources et les habitudes du
pays, coûter bien peu de chose. Il y aurait donc lieu, dans tous
les cas, de réduire singulièrement les prétentions de M. Phiquepal. »
Me Sudre prend à son tour la parole pour le jeune Dufour, et
s’exprime ainsi :
« Dès que ses élèves furent installés, M. Phiquepal reprit
leur éducation, mais la changea totalement d’objet : il les soumit
aux plus grossiers travaux. Leurs occupations consistaient dans
le labourage, la forge, la maçonnerie, la confection de leurs
vêtements et la préparation de leur nourriture ; tout le reste fut
négligé, abandonné. Quant aux aliments, ils étaient légers : un
peu de maïs cuit à l’eau, et réduit en galettes, composait leur
ordinaire, auquel on ajoutait le dimanche quelque gibier lorsqu’ils
avaient fait bonne chasse. »
» Deux ans plus tard, une nouvelle occupation fut ajoutée à
celle qui avait rempli le temps des élèves de M. Phiquepal,
depuis leur séjour dans la colonie. Owen fils rédigeait le journal
de la nouvelle doctrine ; cette feuille, intitulée New-Harmony Gazette,
était confiée à un imprimeur qui, ayant quitté la colonie,
fut remplacé par les élèves de M. Phiquepal. »
Voici un paragraphe d’une lettre d’Amédée Dufour, qui dénote
qu’avant d’avoir revu son oncle, il savait apprécier l’éducation
qu’il recevait de M. Phiquepal :
Nous demeurons maintenant à New-York sur le bord d’une
jolie rivière, à cinq milles de la ville, dans la même maison que
M. Owen et Mlle Wright ; vous devez les connaître, au moins
de réputation ; ils rédigent un journal fort estimé que nous imprimons,
mes camarades et moi. Je commence à connaître passablement
toutes les parties de ce bel art. J’écris, dit-on, l’anglais
sans faire beaucoup de fautes. J’espère me former également
dans le français, quand nous aurons, l’été prochain, l’occasion
d’imprimer dans cette langue. Au reste, nous avons appris bien
des petites choses qui peuvent, je crois, contribuer à nous rendre
indépendants, dans quelque position que nous puissions nous