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cratie qui gouverne ne veut pas que la classe prolétaire forme une UNION compacte, solide, indisso luble ; — elle ne veut pas que des hommes de mérite se fassent les défenseurs avoués et salariés de la classe ouvrière. — Et c’est pour cette raison que cette aristocratie qui fait preuve d’habileté quand il s’agit de veiller à la conservation de ses privilèges, accuse les hommes qui osent embrasser cette noble défense d’être cupides et indélicats.

Mais la crainte de passer pour un charlatan en dévouement n’arrêtera pas, certes, l’homme réellement supérieur qui sentira en lui foi et force. D’ailleurs, la position du mandataire de l’UNION-OUVRIÈRE sera toute différente de celle d’O’Connell. — Celui-ci a offert ses services à l’Irlande ; tandis que ce sera l’UNION-OUVRIÈRE qui fera un appel au pays pour avoir un défenseur : c’est elle qui le choisira, c’est elle qui fixera le montant de ses honoraires. Lui n’aura qu’à accepter et remplir dignement son mandat.

Quelle somme vous allouez au défenseur ! — me diront quelques uns. — Croyez-vous qu’un homme qui aimerait véritablement la cause des ouvriers ne la défendrait pas aussi bien en recevant 25 ou 30,000 fr. de traitement ?

Ouvriers, remarquez bien que la position de votre défenseur sera tout à fait exceptionnelle. La défense de votre cause, toute sainte qu’elle soit, n’est pas une chose facile. — Ne vous abusez pas : pour obtenir le droit au travail, puis l’organisation du travail, il faudra lutter avec acharnement et pendant longtemps.

Si vous voulez que votre défenseur se fasse écouter, placez-le, en débutant, dans une position qui le mette à même d’acquérir une grande puissance. Or, pour avoir de la puissance, de nos jours, il faut de la publicité ; et la publicité, sous toutes les formes, demande de l’argent, beaucoup d’argent.