Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Voilà des choses qu’il ne faut jamais dire à des gastralgiques. Le visage de l’excellent Duval’s devient terreux comme un soulier de jardinier. Mais il réfléchit qu’il s’est enfoncé à fond en livrant une commande de trois mille francs de vêtements. Refuser de prêter cinquante louis, ce serait s’avouer à lui-même qu’il a fait une affaire hasardeuse. Et les mauvaises affaires sont très mauvaises pour l’estomac. Il préfère allonger les mille francs sans ardeur.

James passe alors au bureau de son hôtel : « Avez-vous des lettres pour moi, madame Tibère ? » Puis, négligent, tirant son portefeuille : « Faites-moi donc chercher de la monnaie de mille francs, des billets et des louis. »

Il entre une demi heure après, comme par hasard, chez son chemisier. Brillant morceau de critique sur les derniers cols livrés. Puis, désinvolte, tirant son portefeuille et des louis : « Donnez-moi donc un billet de mille pour toute cette monnaie, qui m’embarrasse. » Le chemisier dit, en riant bassement : « Il y en a bien d’autres qui voudraient être embarrassés comme vous. »

James entre, l’instant après, chez Odessa. Élégie, reprise en