Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/25

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côté de moi sur une petite table, en me servant de mon bras droit qu’en me garrottant, on avait précisément laissé libre.

L’ombre prononça alors des paroles vagues et sembla s’enfoncer dans le mur. Quand la lumière se fit dans la chambre, tout vestige avait disparu de la tante Coromandel et des cent vingt-cinq francs.

Quelques instants après, Mme Amédée rentra dans la chambre et m’avoua qu’elle se sentait travaillée par de nouveaux esprits. Tout retomba dans l’obscurité, et j’aperçus bientôt un vieillard au nez crochu, lequel se fit connaître comme feu mon grand-père. Lui aussi, malheureusement, avait des embarras d’argent, et me pria de lui laisser cent vingt-cinq francs sur la petite table. Il me demanda, en bloc, des nouvelles de la famille, d’une voix chantante, et disparut dans le mur.

Lorsque revint Mme Amédée, je la remerciai, secouai vigoureusement mes ficelles, et m’apprêtai à prendre congé. Mais le médium encore une fois parut en proie à un trouble étrange.

— Ah ! ah ! dit-elle, j’entends votre grand’mère qui s’approche à pas rapides.

— Eh bien ! me hâtai-je de répondre, vous lui présenterez mes excuses. J’avais, certes, le plus vif désir de la voir, mais il est quatre heures moins le quart, et un rendez-vous très urgent m’appelle loin d’ici à quatre heures.