Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/37

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On payait deux pour l’archiduc Franz. C’est-à-dire qu’avec quatre-vingt mille francs, Gobourg pouvait gagner quarante mille francs, à coup sûr…

À coup sûr… Était-ce bien un coup sûr ?

Ma foi, se dit tout-à-coup Gobourg, Vendangeur est à 15/8, c’est-à-dire que si je le joue et s’il est vainqueur, je gagnerai cent cinquante mille francs. Je vais jouer carrément Vendangeur. Il résolut donc de transmettre gratuitement au général l’avis qu’il avait payé cinquante louis.

« Et même, ajouta-t-il, au point de vue patriotique, ce sera tout à fait épatant. »

Il le fit comme il l’avait résolu, et sa belle conduite décida de la victoire. Vendangeur, averti, déjoua la tactique de l’archiduc Franz, fortifia la position qu’on attaquait, et s’installa en maître dans Fligney, que l’ennemi avait dégarni. Le soir même, en présence de son état-major, le généralissime fit venir Gobourg et attacha sur sa poitrine une glorieuse récompense.

— Voilà une journée, dit le bookmaker Relph, qui rapporte plus de deux cent mille francs à notre ami Gobourg.

— Cent cinquante mille, interrompit le bookmaker Jephté, qui avait payé pour savoir, puisqu’il avait réglé le pari.

— Et le ruban ? dit Relph. Pour combien donc le comptez-vous ?