Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cependant le pays commençait à devenir giboyeux. Mais la chasse était si difficile, et c’est toujours imprudent de manger des bêtes qu’on ne connaît pas. Nous entamâmes un second nègre le 20 juillet au soir. Puis, à l’exception du vieux guide, toute l’escorte y passa. Heureusement nous arrivions dans des régions habitées et nous pouvions retrouver d’autres nègres.

Nous faisions je dois le dire, horreur aux populations avec de pareilles coutumes. À Kibanga, un vieux raseur de chef noir vint nous faire une longue allocution où il nous sermonnait de la belle façon et nous disait qu’au dix-neuvième siècle il était honteux qu’on se livrât encore à de semblables pratiques.

Enfin, après quelques semaines de marche, nous arrivâmes à Moussoumba, dans l’État indépendant du Congo. Jamais une expédition ne s’était accomplie dans des circonstances aussi favorables. Nous étions tous gras et bien portants. Nous avions sans doute trouvé la nourriture qui convenait pour supporter le dur climat de l’Afrique centrale.

À notre retour en Europe, on nous combla de distinctions, et le docteur Pionnier, dès sa première conférence, fit justice de cette opinion stupide qui prétend qu’on ne trouve plus d’anthropophages sur le continent africain.