Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/94

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Nous faisions montre, l’un et l’autre, d’un détachement de grand seigneur dans ce méticuleux assaut de politesses. Mais c’était entre nous un accord tacite pour mépriser tous les spectacles qui coûtaient plus de dix sous.

Comme c’était mon tour de régler, j’avisai avec empressement une modeste petite baraque, et je parus très alléché (entrée : vingt-cinq centimes) par cette mirifique enseigne : Venez voir la huitième merveille du monde.

La foule estimait probablement que c’était assez de sept merveilles pour un vieux monde tel que le nôtre, car nous nous trouvâmes seuls, Le Blafard et moi, à l’intérieur de la baraque, devant un rideau d’andrinople usé.

Soudain, sortant d’on ne sut jamais où, un monsieur mal vêtu apparut à nos côtés. Il avait une voix fort éraillée (sans doute à cause d’un sabre avalé de travers).

Il écarta le rideau d’andrinople, et qu’aperçûmes-nous dans une solide cage de fer ?