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Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/97

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l’Elohim des Elohim, le seul Elohim, celui qui n’était pas au coin du quai.

Puis, ayant pris conseil de ses compagnons, Roger résolut de s’acheminer vers le Sud, où croissaient les oliviers rouges et les gigantesques bananiers de l’Arabie heureuse.

19 mars. — Ils suivaient, au trot allongé de leurs chevaux arabes, la blanche route d’Ossor-Médéi. Derrière eux, sur quatre maigres chameaux au poil fauve, venaient quatre Circassiennes, fournies par une agence anglaise, dont un eunuque à cheval portait les initiales sur sa casquette cirée.

De grands palmiers, bénisseurs immobiles, bordaient le chemin silencieux.

24 mars. — Les voyageurs s’abreuvaient largement d’eau-de-vie de grain et d’une liqueur du pays, le ratéï, qui ressemble à de la chartreuse bleue. Ils étaient donc ivres, la plupart du temps, comme des cochons de Mésopotamie. Aussi s’égaraient-ils fréquemment dans de mauvaises routes. Quittant Louscatèh, ils tournèrent pendant trois jours dans une petite étendue de sable qu’ils prirent pour un vaste désert. Ils étaient épuisés de