Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/103

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De laict de neige ou d’Albastre viuant
Par interualle à la fois ſe mouuant
Faits eſclater la blancheur de deux pommes,
À mettre en guerre & les Dieux & les Hommes.
Porte les yeux ſur ces Diuinitez
De qui Pâris regla les vanitez ;
Obſerue bien cette troupe admirable
De taille auguſte & de grace adorable,
Voy ſes beautez, & d’vn ſoin complaiſant
Dérobe-les pour m’en faire vn preſent.
Bref en vn mot faits la diuine Image
De la Princeſſe à qui i’ay fait hommage
De mes deſirs & de ma volonté,
De mon eſprit & de ma liberté.
Mais prend bien garde en m’offrant cette Belle
Que ſa fierté ſoit touſiours auec Elle.
Sans cét orgueil qui loge en ſes apas
Ma paßion ne la connoiſtroit pas.
Si ſa rigueur eſt vn peu modérée
Dans le plaiſir de ſe voir adorée,
Que ce ne ſoit que pour m’offrir ſes mains
Qui porteroient le Sceptre des Humains,
Si le Destin qui des Vertus s’irrite,
Auoit ſoubmis la fortune au merite.
Mais dans l’ardeur dont ie les baiseray,
Dans le tranſport où ie me treuueray,