Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/132

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Il n’est point de cheſnes plus vieux,
Ny de Corneilles plus antiques ;
Tu peux auoir vu de tes yeux
Tout ce qu’on lit dans nos Croniques :
Tes membres ſaiſis d’vn friſſon
Tremblent de la meſme façon
Que font les feuilles en Autonne :
Tu ne fais plus rien que cracher,
Et toute la terre s’eſtonne
De te voir encore marcher.

Mais on ne vit plus ſi long-temps :
Ton corps deuenu pourriture,
A payé depuis cinquante ans
Ce qu’il deuoit à la Nature ;
Qui t’a fait ſortir du Tombeau ?
Caron t’auoit en ſon baſteau
Miſe au delà du fleuue ſombre :
Et rompant ton dernier ſommeil
Lors que tu n’es plus rien qu’vne ombre
Tu viens eſclairer mon Soleil.

Rentre dans ton dernier repos,
Squelette couuert de poußiere,
Que par de magiques propos
On a fait ſortir de la biere.
Ou ſi pour faire des Sabats
Tu dois demeurer icy bas,