Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/134

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Deuant toy l’on ne peut parler
Auec pretexte legitime :
Dire boniour c’eſt cajoler,
Et tourner l’œil c’est faire vn crime.
Ton humeur pleine de ſoupçons
Fait de ridicules leçons
À des cœurs exempts de malice,
Et tes deffences bien ſouuent
Leur enſeignent des artifices,
Qu’ils ignoroient auparauant.

La Vertu froide & ſans couleur
En ternit ſa grace immortelle,
Et ſouſpire auecque douleur
Voyant qu’elle est ſouz ta tutelle :
Elle a deſcrié ton ſuport,
Ne pouuant ſouffrir ſans effort
Les ſoins dont ton eſprit s’acquite :
Car ton ſens débile & leger
Se rend oppreſſeur du merite,
Qu’il s’ingere de proteger.

Auec d’importunes clartez
Tu veilles de trop belles choſes,
Qui te void parmy ces Beautez,
Void vn ſerpent parmy des roſes,
Mais tu fais beaucoup plus de mal
Que ce dangereux animal,