Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/138

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      Pour en vouloir la gueriſon :
Et le charme eſt ſi doux qui mon Ame poſſede,
Que dans cette langueur i’eſtime tout remede
        Pire que du poiſon.

Les plus ſuperbes Rois qu’enuironne la Gloire,
        Et que ſuit la Victoire
      Par tout où marche leur courroux,
Fuſſent-ils eſleuez dans l’humeur la plus vaine
Ne pourroient obſeruer le ſujet de ma peine
        Sans en eſtre ialoux.

Le deshonneur que fait le beau teint que i’adore
        À celuy de l’Aurore,
      Leur feroit receuoir ſa loy.
Ils poſeroient leur Sceptre aux pieds de cette Belle
Et quitteroient l’honneur de commander comme elle,
        Pour ſeruir comme moy.

L’or de ſes blonds cheueux qu’eſmeut vn doux Zephire
        Vaut celuy d’vn Empire,
      Leur eſclat n’a point de pareil.
Ils ſemblent composez d’vne flame immortelle,
Et c’est auec raiſon que chacun les appelle
        Les Rayons d’vn Soleil.