Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/171

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roit le plus de graces : ſa preſence eſt vn charme ineuitable aux belles ames, & les moindres de ſes actions ſont extrémement rauiſſantes. Or tu ſçais que la rigueur eſt aſſez ordinaire aux Belles, & qu’entre les plus precieux ornemens de ce Sexe, on donne le premier rang à cette honneſte ſeuerité qui met ſuperbemẽt des eſpines à l’entour des roſes. Noſtre Bergere eſt trop accomplie pour en manquer, & c’eſt le ſujet de toutes ces plaintes. Acante qui la void indifferente à tous ſes ſeruices, explique les froideurs à quelque eſpece de meſpris, apprehende que ſes deuoirs ne luy ſoient pas agreables, & qu’il ne puiſſe voir reüſſir les vœux qu’il fait pour cét himenée. Il ſe forme de ces penſées, mille matières de douleur, & ſe laiſſant emporter aux mouuements de ſon amoureux Genie, taſche par toutes ſortes d’artifices, de repreſenter ſa paſſion, & de porter inſenſiblement ſa Siluie à faire plus d’eſtat de ſes ſoins. Au reſte ie t’auertis que cét