Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/195

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La Mere de Mirtil, de ce diuin Garçon
Dont l’eſprit fut ſi doux & la valeur ſi rare :
Me voyant en langueur, me fit vne leçon
      Qui me parut vn peu barbare :
Voulant que de mes pleurs ie fuſſe plus auare,
      Et me rendiſſe moins ſoigneux
D’vn ſujet ſi ſuperbe & ſi fort deſdaigneux.

Tout ce qu’on void en vous luy plaiſt extrémement,
Mais bien qu’elle vous aime & qu’elle vous eſtime,
La pitié de mes maux la toucha tellement
      Qu’elle creut faire vn moindre crime
À tenter vn remede encor qu’illegitime,
      Qu’à laiſſer perir vn Parant
Pour le vouloir traiter comme vn indiferant.

Acante, me dit-elle, es-tu pas inſenſé
De viure de la ſorte en faueur d’vne Ingrate ;
Qui ſe rit de ta plainte apres t’auoir bleßé
      Dans la vanité qui la flate ?
Faut-il pour l’eſleuer, que ton esprit s’abate
      En faiſant ainſi triompher
Ce Marbre que tes feux ne ſçauroient eſchaufer ?