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Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/48

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LA BEVEVË.

SONNET.



VOVS vous trompez mes yeux, elle n’est pas ſi belle
Que vous la dépeigniez à ma credulité :
Comparant la peinture auec la verité,
Ie puis vous accuſer d’vn rapport infidelle.

Faites donc deſormais meilleure ſentinelle,
Employez à garder ma chere liberté ;
Et ne vous troublez plus de voir vne Beauté
Dont le trompeur eſclat ſurprend à la chandelle.

Reuoyant cét Obiect à la clarté du iour,
Vous portez ma raiſon à bannir cét amour
Qui par vostre ſurpriſe en mon cœur fit retraite :

Et dans l’heureux estat où mes ſens ſont remis,
Mes penſers font ainſi qu’vne troupe deffaite,
Qui ſoudain ſe rallie & bat ſes ennemis.