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LES TRAVAVX INVTILES.

SONNET.



IE perds pour trop aimer l’vſage du ſommeil,
Ie gouste peu de ioye auec beaucoup de peine :
Aux deſſeins que ie fais ie ſeme ſur l’arene
Et mon eſpoir ſe fond comme neige au Soleil.

Touſiours de ma raiſon i’abhorre le Conſeil
Pour ſuiure obſtinément la voix d’vne Sereyne :
Et bleßé dans le cœur d’vne atteinte inhumaine
De crainte d’en guerir, i’en oste l’appareil.

Ma crainte & mes deſirs aux atteintes preſſantes,
Sont de meſme que l’Hydre aux teſtes renaiſſantes
S’acharnans ſur mon Ame auecque cruauté.

Mais vne amour ſi rare & ſi bien teſmoignée,
Touche ſi peu l’eſprit d’vne ingrate Beauté,
Que mon trauail reſſemble aux toilles d’Araignée.