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L’AGONIE MORTELLE.

SONNET.



ACHEVE moy de grace ô belle fugitiue,
Adouçis par vn meurtre vn pire traitement,
Pourquoy veux tu ſi fort haſter ton partement ;
N’aprehende tu point que mon ombre te ſuiue ?

Tu me quittes, barbare, & tu faits la craintiue
D’vn ſujet que ta haine enuoye au monument ;
Tu faits la pitoyables & tu veux que ie viue
Apres m’auoir cent fois bleſſé mortellement.

Dieux, inſpirez quelqu’vn qui parle à la Iuſtice :
Le crime eſt euident, il faut qu’on la puniſſe ;
Ainſi que mon treſpas, le ſien eſt reſolu.

Mais la pourſuitte eſt vaine, & l’ingrate me braue,
Car elle ſçait fort bien qu’vn Tyran abſolu
N’eſt iamais recherché de la mort d’vn Eſclaue.