Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/91

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Mais ne croyez pas que ce dueil
Me conduiſe dans le cercueil
Auant que ie vous en deffende :
Et que ma froide volonté
Reconnoiſſe voſtre bonté
D’vne ingratitude ſi grande
Que ie vous dérobe vne offrance
Que ie dois à voſtre beauté ?

L’ennuy qui me fait ſouſpirer
Se puiſſe touſiours empirer
Par de plus ſenſibles outrages,
Et iamais la rigueur du Sort
Ne me laiſſe trouuer de port ;
Si le plus beau de mes ouurages,
Ne vous laiſſe des teſmoignages
D’vn deſſein qui me plaist ſi fort.

Et dés que mes ſens appaiſez,
Treuueront des vers plus aiſez
Et des lumieres moins communes ;
S’il vous plaiſt de les auoüer,
Ie promets de vous les voüer
Ceſſant les plaintes importunes
Que ie fais de mes infortunes,
Pour commencer à vous loüer.