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L’ANNONCIATEUR

Au jeune Esthète.



Poète, écoute-moi ! Sois vraiment un poète,
— Un créateur d’Amour, — car vaine est la chanson
De ton souple clavier, si ton âme muette
Au bout de tes doigts fins ne met aucun frisson.

Déroule, si tu peux, en ton riche dictame,
La toile de ton rêve aux multiples splendeurs,
Des somptuosités récitant bien la gamme ;
Mais surtout fais-nous lire au récital des cœurs.

Ne dédaigne pas tant nos douleurs et nos luttes ;
Vigny quittait parfois son ivoirine tour,
Laisse aussi, par moments, ton atelier de flûtes ;
Dans nos rangs viens souffrir, viens aimer à ton tour.