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AU BORD DES LACS



Amie, ô sœur de route et de pèlerinage,
Où s’attardaient vos pas quand mes pas isolés,
Erraient près de ces eaux où voltige et surnage
L’immortel souvenir de nos jours envolés ?

Où donc vous retenait l’amère destinée
Quand je retournais seul aux grands monts infinis,
Et cheminais au bord des lacs, où l’autre année,
Couple mystérieux, nous cheminions unis ?

À qui donc parliez-vous, quand votre ami fidèle
À la grande Nature a crié votre nom,
Et demandait aux flots berceurs : « Reviendra-t-elle ? »
Et les flots se taisaient ou me répondaient : « Non ? »

À qui donc songez-vous, quand sur la calme grève,
Mes yeux tout attristés et de vous orphelins,
Ont désir de vos yeux, car le poète rêve
Sur les lacs pleins d’azur aux yeux d’infini pleins ?