Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/52

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Car le savant lui-même est un idéaliste ;
Et Newton ou Kepler ne savaient pas en vain
Le nombre des soleils et des astres la liste,
Agrandissant ainsi l’empire du divin.

Pasteur scrutait l’atome et guérissait la terre ;
Mais devant le grand sphinx il courbait les genoux :
« D’un côté le certain, de l’autre le mystère »
Disait-il humblement !… Il est donc avec nous.

Avec nous est aussi quiconque estime, espère,
Que le ciel continue où la terre finit,
Et qu’il est par delà notre chétive sphère
Un lieu qui nous recueille, un Dieu qui nous unit ;

Et qu’où meurt le réel, c’est le vrai qui commence,
Et que de toutes parts le cachot corporel,
Comme un îlot perdu dans une mer immense,
Baigne dans l’invisible et le surnaturel.

Avec nous les marins, — ô pensive flottille ! —
Qui sur cet océan s’embarquèrent un jour,
Rapportant pour butin à l’humaine famille,
Cette perle, Justice, et cette étoile, Amour ;

Les hardis passagers dont la nef tint à gloire
De faire longue escale à l’extrême confin
De ce mystérieux et subtil promontoire
Où la matière expire au rivage divin.