Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/91

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Et si le fanatisme aux mains de barbarie,
Accomplissait son œuvre atroce en quelque lieu,
Les cèdres du Liban, les palmiers de Syrie,
Le voyaient accourir pour le Droit et pour Dieu ;

Et ce lambeau d’étoffe, âme jamais éteinte,
D’un divin tapissier semblait avoir reçu,
Quelle que fût aux yeux ou sa forme ou sa teinte,
La bravoure pour hampe et l’honneur pour tissu.

Or, voici que soudain — désertion amère ! —
Au bout de six cents ans l’étendard-chevalier,
Abandonne sa tâche ainsi qu’une chimère,
Et de libérateur se transforme en geôlier ;

Et voici que la Crète en un suprême râle,
Sous son collier de fer ayant crié merci,
Le chevalier accourt au cri de la cavale,
Mais pour la retenir au licol, et voici

Que le drapeau de France et les drapeaux d’Europe,
Sur l’île de Minos flottent, honteux gardiens,…
Et cela pour complaire au prince philanthrope
Qui massacrait hier trois cent mille chrétiens.