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LES DEUX COLLINES

CELLE DU SACRÉ-CŒUR ET CELLE DE LA SORBONNE


À Georges Dumesnil.



Vers le mont des martyrs et le mont des penseurs,
Vers la butte sacrée et la butte féconde,
Lutèce, d’âge en âge, a grimpé vagabonde,
Des deux rives, montant aux deux collines sœurs.

L’une avait bu le vin pourpre des vendangeurs
Du Christ ; et l’autre fut l’Horeb nouveau du monde,
D’où la claire Raison a jailli comme une onde
Sous la baguette d’or des modernes songeurs.

Ô Paris, sombre et fauve Océan ! mais les calmes
Porte-flambeaux et les sanglants porteurs de palmes
Tinrent haut l’Idéal sur les flots orageux,

Et par eux, cette mer dépose sur la grève,
Double scintillement de son limon fangeux,
Ou le rubis d’Amour ou le saphir du Rêve.