Page:Trollope - La Pupille.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nade au hasard, et, après trois heures de marche, se retrouvèrent devant leur porte sans avoir été au moulin.

Avant d’entrer dans la maison, Florence rompit le silence en murmurant toute rouge de bonheur et les yeux baissés vers la terre :

« Sir Charles, je dois dire à maman ce qui s’est passé entre nous.

— Faites-le, mon doux amour, et autorisez-moi à en faire part aussi à votre cher père. Mais surtout, je vous en supplie, que personne autre ne connaisse notre secret, pas même Algernon, ni surtout miss Martin Thorpe, c’est mon désir le plus vif ; faites cela pour moi. »

Florence, ivre de joie, se précipita dans sa chambre, et là, tout à son aise, put laisser son cœur se livrer librement à ses émotions ; puis, entendant sa belle-mère passer près de sa porte, elle l’appela et lui raconta son bonheur, tout en rougissant et en pleurant à la fois.

L’ivresse de mistress Heathcote fut si folle à ce récit, que Florence trembla pour son secret. Aussi lui dit-elle vivement : « Prenez garde, ma bonne mère ; sir Charles ne veut pas que l’on connaisse encore ses projets, il serait surtout désespéré si ma cousine les apprenait en ce moment.

— Ses désirs seront respectés, mon enfant, malgré le plaisir que j’aurais à entendre ce qu’elle dirait en apprenant ton bonheur. Que ton pauvre père va être heureux, ma Florence ! Mais comprends-tu quel bonheur nous avons eu de faire ce cher voyage de Thorpe-Combe ? Vois ce qu’il nous rapporte aujourd’hui : d’abord, Algernon va visiter l’Italie ; c’était son plus vif désir, et cela lui fera un bien infini ; puis, tu vas devenir lady Temple en épousant l’homme le