Page:Trollope - La Pupille.djvu/136

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— Voilà qui est étrange ! Par qui et pour qui cela a-t-il été bâti ?

— C’est M. Thorpe qui l’avait fait construire pour une parente pauvre de notre défunte maîtresse, et il l’avait fait meubler et décorer avec une grande élégance, reprit mistress Barnes avec un rire moqueur et en appuyant sur sa phrase, comme pour rappeler la conversation précédente à propos des Heathcote.

— Quel est cet Arthur Giles, et quel loyer paye-t-il ?

— C’était un domestique de M. Cornélius Thorpe, et il ne paye rien.

— Et que signifie cette inutile générosité de M. Thorpe ?

— Arthur Giles était le meilleur écuyer du pays, et un jour, pour satisfaire un caprice de M. Cornélius, il monta un cheval fougueux qui le jeta par terre. Dans sa chute, il se cassa le bras. M. Cornélius était fou de chagrin et de remords et, comme sur les entrefaites la tante de madame mourut, notre jeune maître donna la maison à Arthur Giles, qui l’a habitée avec sa femme depuis cette époque.

— Et de quoi peuvent vivre ces malheureux ?

— Mon maître y a pourvu ; la propriété est grevée de cent guinées par an, que le propriétaire de Combe doit leur remettre jusqu’à leur mort à tous deux, répondit brièvement mistress Barnes.

— Quel âge ont ces gens ? demanda vivement la noble héritière en devenant cramoisie.

— Je ne sais exactement ; mais ils sont tous deux vigoureux et reconnaissants.

— C’est bien ; faites-moi voir les autres chambres. »

Des bâtiments dans les cours contenaient les chambres des domestiques mâles ; mais celles des femmes, excepté l’appartement de mistress Barnes qui était re-