Page:Trollope - La Pupille.djvu/173

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— Si je ne craignais pas de déplaire à M. Brandenberry en le laissant seul ici, je vous prierais de m’accompagner dans ma chambre ; nous chercherions ensemble un moyen d’employer dans ma coiffure quelques épingles assez jolies.

— Lui déplaire ! à lui ! Ah ! chère amie ! il aura assez à penser sur tout ce que vous lui avez dit aujourd’hui. Le cher enfant vous… admire tant ! »

Et là-dessus les deux amies entrèrent dans la pièce voisine. Sophie ouvrit le tiroir qui renfermait ses richesses, et étala devant son amie une masse de diamants magnifiques, montés en broches, d’autres en bracelets, en boucles d’oreilles, en épingles et en boutons.

« Quelles merveilles ! s’écria miss Brandenberry. Que vous serez belle avec tout cela ! car vous les porterez tous, n’est-ce pas ? dans vos cheveux et sur vous.

— Si je me décide à en mettre quelques-uns, je puis bien les porter tous, reprit Sophie avec une apparente indifférence.

— Laissez-moi vous les essayer, je vous en supplie. Je vois si bien comment ils devraient être placés ! Asseyez-vous, je vais vous parer.

— Comme vous voudrez, chère amie ; seulement je crains que votre frère ne soit fâché de mon impolitesse.

— Vous, impolie ! vous, dont il vante toujours les manières distinguées, la grâce et la tenue ! Mon pauvre frère ! il devient fou en vous voyant ! Et quand il parle de vous, c’est alors qu’il s’exalte, s’enflamme et… Il me faudrait un velours noir pour retenir vos boutons, » continua Marguerite avec plus de calme ; et, sans attendre de réponse, elle se mit à retourner tous les tiroirs si minutieusement rangés par Sophie, jusqu’à ce qu’elle eût trouvé ce qu’elle désirait.

Elle échafauda alors sur la petite tête de l’héritière autant de broches, d’épingles, de boutons et de bandeaux