Page:Trollope - La Pupille.djvu/231

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faut être une fée pour avoir transformé en un aussi joli salon les vieilles chambres de mon pauvre ami.

— Je suis charmée que vous approuviez ces améliorations, sir Charles ; mais il était nécessaire, me décidant à vivre comme je le fais, de pouvoir me tenir seule quelquefois. »

Quoique sir Charles n’eût point du tout approuvé tous ces changements, trop coûteux pour une mineure, il ne voulut pas répondre, pour ne pas prolonger un tête-à-tête qui non-seulement lui était très-désagréable, mais le tenait éloigné de ceux qu’il aimait à voir et à écouter. Il commença donc sans plus attendre :

« Je crains, miss Martin Thorpe, que les énormes désagréments dont vous me parlez dans votre lettre ne soient la cause de votre désir de vous séparer de votre tuteur et de sa famille. Si vous demandez cette séparation, je suis convaincu que le major et ces dames ne tiendront nullement à continuer cette vie en commun. Comme j’ai senti que de rester ensemble dans ces circonstances ne pouvait que vous être pénible à tous, j’ai cru devoir hâter mon retour, qui va tout concilier.

— Je ne pensais certes pas que ma lettre vous ramènerait aussi vite, répondit Sophie avec embarras ; si je l’avais cru, je l’aurais écrite plus modérée. Je ne comptais nullement vous presser dans votre voyage ; j’espérais même que tout se déciderait par écrit.

— Des changements aussi graves que ceux que vous proposez, miss Martin Thorpe, sont très-faciles quand toutes les parties sont d’accord ; mais lorsqu’il faut…

— Si vous désapprouvez mes projets, je les abandonnerai aussitôt, sir Charles Temple, s’empressa d’ajouter Sophie.

— Je ne vous conseillerai jamais de continuer cette vie, si cela ne vous arrange pas parfaitement, ainsi que votre chère famille.