Page:Trollope - La Pupille.djvu/233

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étaient si peu habitués. Sophie elle-même était très-préoccupée de cette phrase de M. Jenkins : « Je veux laisser des preuves palpables de mon affection et de mes richesses à ceux que j’en trouverai dignes. » Aussi ne s’aperçut-elle pas que si, pour réunir Temple et Thorpe-Combe, il fallait que sir Charles l’épousât, les deux domaines risquaient fort de rester toujours séparés. Quoiqu’elle eût invité sir Charles à passer la nuit au château, le jeune baronnet préféra rentrer chez lui, avec l’espoir de faire les honneurs du pavillon le lendemain à ses amis.

Le lendemain, Sophie, ayant appris que M. Jenkins était de retour à Broughton-Castle, n’eut plus d’autre préoccupation que de l’empêcher de voir sir Charles avant d’avoir pu l’entretenir de certaines choses d’où devaient dépendre des intérêts bien graves pour elle. Elle aurait volontiers donné une de ces belles perles que son précieux ami lui avait offertes pour qu’Algernon ne lui fût pas présenté ce jour-là : aussi faut-il dire que, si son bonheur fut grand en voyant les Heathcote aller se promener, il le fut bien plus encore quand M. Jenkins parut tout à coup devant elle.

« Oh ! mon cher, très-cher monsieur Jenkins, je suis vraiment enchantée de vous voir, s’écria la jeune fille en courant au-devant du visiteur. Êtes-vous bien fatigué de votre voyage ? Y a-t-il longtemps que vous êtes de retour ? Que vous êtes aimable d’être venu me voir ! Vous paraissez très-bien portant.

— Merci, répondit simplement le sérieux personnage en s’asseyant tranquillement.

— J’ai des nouvelles à vous apprendre, cher monsieur, et j’espère qu’elles satisferont votre excellent cœur : mon tuteur, sir Charles Temple, est de retour avec Algernon ; et je pense, cher monsieur Jenkins, que nous allons…