Page:Trollope - La Pupille.djvu/258

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— Je ne me le rappelle pas, répondit M. Thorpe ; mais il me semble qu’il aurait bien pu écrire quelques mots à votre cousine Sophie, car elle l’avait aussi invité à cette réunion. J’aurais eu beaucoup de plaisir à le voir, et je trouve son procédé aussi impoli pour Sophie que pour moi.

— C’est en effet extraordinaire, reprit Elfreda avec une vive indignation : car vraiment votre bonté, vos intentions et votre générosité envers nous, méritent bien qu’on vous remercie et que….

— Je ne demande pas de la politesse, interrompit M. Jenkins ; et si, comme je le pense, vous lui écrivez bientôt, je vous prie, miss Wilkins, de lui dire pourquoi je désirais faire sa connaissance et celle de ses fils, et aussi combien son silence m’a paru étrange.

— Je le ferai certainement, très-cher monsieur Jenkins, répondit miss Elfreda avec enthousiasme, si toutefois je lui écris, ce qu’il ne mérite certainement pas. Je lui dirai aussi ce que je pense de la manière dont il a agi envers vous, qui êtes si bon et si aimable. »

Le soir même miss Wilkins, écrivit une longue lettre à son bel oncle M. Spencer, et glissa le passage suivant, au milieu de la relation de leurs occupations à Combe :

« J’avoue, mon cher oncle, que je n’approuve pas votre silence vis-à-vis de notre cousine Martin Thorpe. Je comprendrais très-bien cela si elle seule devait recevoir l’impertinence, car je partage sincèrement votre indignation contre celle dont les basses intrigues ont privé vos charmants fils d’un héritage qui aurait dû, pour cent raisons, leur appartenir. Mais vraiment M. Jenkins est un homme que j’aurais souhaité que vous connussiez. C’est l’être le plus bizarre et le plus étrange que j’aie jamais vu ; mais il est si riche qu’il ne sait comment dépenser son argent : non content de nous avoir fait de riches présents d’une valeur considérable,