Aller au contenu

Page:Trollope - La Pupille.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Grand Dieu ! qu’est-ce que cela ? Que le ciel nous protège !

— Mais allez donc ouvrir, John, dit la femme en se remettant un peu de sa frayeur ; ne croyez-vous pas que c’est le diable ? imbécile ! »

Mais la visiteuse serait toujours restée à la porte, si, à un second coup de marteau, plus bruyant encore que le premier, M. Brandenberry ne s’était décidé à aller ouvrir lui-même, tout en maugréant contre ces brutes de domestiques qu’il croyait endormis.

La vue de Sophie lui causa un étonnement bien naturel, surtout en la voyant seule à cette heure au milieu des bois ; mais il sut bientôt changer son étonnement en émotion, et murmura en pressant le bras de Sophie sous le sien, tout en la conduisant au salon :

« Très-chère miss Martin Thorpe ! trop aimable et adorée Sophie ! vous paraissez émue, agitée, ravissante amie. Qu’est-il arrivé ? très-douce miss Martin Thorpe, etc., etc., etc. »

En entrant au salon, Sophie dut supporter les mêmes questions et les mêmes tendresses de la part de Marguerite et de sa vieille mère, qui répétait tout ce que disait sa fille, laquelle n’était elle-même que l’écho de son frère Richard. Quand les trois Brandenberry furent las de questionner, ils se décidèrent à laisser répondre Sophie, qui débita ainsi le conte qu’elle avait préparé à leur intention :

« Hélas ! mes chers et bons amis, dit-elle, j’espère que vous savez avec quelle patience j’ai supporté mes souffrances jusqu’ici ; mais maintenant, pauvre malheureuse que je suis, c’est au-dessus de mes forces.

— Parlez ! parlez ! dites-moi tout, adorable amie, s’écria M. Brandenberry vaincu par l’émotion, et en baisant les mains de celle qu’il nommait toujours l’héritière de Thorpe-Combe.