Page:Trollope - La Pupille.djvu/273

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de mon père pour l’étudier, la connaître, et confirmer, s’il y avait lieu, les volontés du cher défunt.

« Il est inutile d’énumérer ici toutes les raisons qui m’ont déterminé à réclamer mon bien pour en disposer différemment. Quelques-uns de ceux qui m’écoutent ont peut-être déjà deviné quels sont mes projets définitifs ; du reste, je le répète, je remplis fidèlement mon devoir, qui est de tout organiser ici comme aurait pu le faire mon pauvre père, s’il avait connu sa famille aussi bien que je la connais moi-même. Comme je suis convaincu que, s’il avait été à même d’étudier le caractère de Sophie Martin, cette fille sans cœur eût été la dernière de ses nièces à laquelle il se fût attaché, j’agis sans scrupule, et convaincu que je suis la route du bien et de l’honneur. Si je n’avais pas mille raisons de juger défavorablement Sophie Martin, le moyen qu’elle a employé pour se faire bien venir de mon père est tellement indigne, que cela seul suffirait pour me la faire haïr, continua M. Thorpe en montrant le portrait, qui était toujours à la même place. Pauvre et cher père, ton fils repentant ne laissera pas porter ton nom par cette créature indigne de tes bienfaits, et la maison de ma mère ne sera pas plus longtemps la propriété d’une aussi méchante fille. J’abandonnerais le pays auquel je me suis attaché pour reprendre ton noble nom et faire aimer et honorer ta chère mémoire, si je n’avais pas ici quelqu’un, qui cette fois remplira dignement sa mission et saura se faire bénir et estimer comme tu l’étais toi-même.

— Parfaitement juste, dit l’aînée des miss Wilkins.

— Je ne suis nullement surprise, et cette aventure me ravit, reprit la seconde.

— Cette petite pécore méritait bien cela, » murmura la troisième.

Toutes ces émotions avaient beaucoup fatigué