Page:Trollope - La Pupille.djvu/64

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Voyant que personne ne répondait, Florence crut pouvoir accepter au nom de tout le monde et dit :

« Je suis sûre que toutes ces dames viendront ; je vous assure, miss, que le temps est superbe ; il ne fait pas froid du tout.

— Vous avez cependant les mains bien rouges, » répondit miss Eldruda ; et elle ôta négligemment son gant, affectant ainsi de montrer une main blanche et maigre.

Les doigts de Florence, quoique rougis par le froid, étaient d’une forme charmante et de beaucoup préférables aux grandes mains sèches, blanches et bien soignées de miss Eldruda ; mais Sophie murmura doucement :

« Oh ! Florence, mettez donc des gants.

— Je n’ai pas froid du tout, reprit Florence en souriant, au contraire. Mais on ne parle pas de la promenade ; est-ce que personne ne veut sortir ?

— Grand Dieu ! je ne pense pas que vous vouliez sortir encore, s’écria miss Wilkyns ; quelle étrange jeune fille vous faites, ma chère !

— Il serait vraiment malheureux que vous ayez des engelures aux mains, dit alors M. Thorpe ; les jeunes filles doivent avoir de jolies mains blanches.

— Oh ! cela va passer, mon oncle.

— Je crois qu’il vaudrait mieux pour vous remettre votre excursion à demain, à l’heure de la chasse, reprit insolemment miss Elfreda en regardant sa cousine avec son lorgnon.

— Jusqu’à demain, répéta Florence, qui n’avait pas compris à l’heure de la chasse. Demain c’est Noël, nous irons à la messe, et je ne pourrai sortir que dans trois jours. Oh ! allons-y aujourd’hui.

— Je suppose que les messieurs Spencer n’y mettront pas d’obstacle ; pour nous, veuillez nous excuser.