Page:Trollope - La Pupille.djvu/68

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s’arrêta devant tous, et les regarda attentivement ; puis elle dit :

« Y a-t-il là un portrait que mon oncle préfère ?

— Oh ! sans doute ; il y a celui de son fils, que voilà, mademoiselle, car il aimait beaucoup ce pauvre jeune homme. Du reste, il n’a jamais perdu l’espérance de le revoir, et c’est en prévision de ce retour qu’il a fait laisser la maison toute prête pour le recevoir.

— Mais je croyais qu’il avait perdu tout espoir ? murmura Sophie avec une certaine anxiété.

— Depuis quelques jours seulement il a reçu une lettre confirmant la triste nouvelle. C’est même pour choisir son héritier qu’il a fait venir ainsi toute sa famille, du moins à ce que dit mistress Barnes, ma tante, qui est très-bien informée. »

Sophie respira, sourit et regarda le portrait de son cousin.

« C’est étonnant comme vous ressemblez à ce pauvre jeune homme, miss, reprit Nancy, si ce n’est que vos boucles ne sont pas disposées tout à fait comme les siennes, et que vous n’avez pas ce grand col de chemise rabattu avec lequel il est représenté. On dit que son costume est espagnol, mais la ressemblance est étonnante.

— Vraiment ! trouvez-vous tant de ressemblance entre nous ?

— Tenez, miss, je vais vous donner une glace, vous pourrez ainsi juger par vous-même.

— Ne dites à personne que je suis venue ici, Nancy ; cela paraîtrait étrange, tandis que c’est fort naturel.

— Je n’en parlerai pas, miss. Tenez, regardez-vous devant le portrait. »

Sophie voyait fort bien la ressemblance, car un sourire de triomphe passa devant ses yeux ; mais elle garda la glace et continua à examiner le portrait en jetant à la dérobée un coup d’œil sur sa propre image.