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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/106

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priété de cette somme. D’ailleurs, il ne pouvait faire autrement. Personne ne lui parlerait, s’il avait l’âme assez vile pour s’y refuser. Je n’ai pas une haute opinion de votre cousin Henry, mais si peu estimable qu’il me semble être, il ne pouvait s’abaisser à une semblable conduite. Il n’a pas assez de courage pour commettre une telle vilenie.

« J’en aurai assez, moi, » dit-elle.

— Que voulez-vous dire ?…

— Oh, papa, ne vous fâchez pas contre moi ! Rien, rien ne pourra me décider à recevoir l’argent de mon cousin Henry.

— Ce sera votre argent, oui, de l’argent à vous, d’après le testament de votre oncle. C’est la somme qu’il vous a attribuée lui-même.

— Oui, papa mais mon oncle Indefer ne pouvait donner cet argent : il ne l’avait pas. Ni vous, ni moi n’avons le droit de lui en vouloir ; il voulait faire pour le mieux.

— Je lui en veux, » dit avec irritation l’avoué, « parce qu’il vous a trompée, et qu’il m’a trompé au sujet de la propriété.

— Jamais il n’a trompé personne, il ne connaissait pas le mensonge.

— Il ne s’agit pas de cela maintenant, dit le père. Il vous donne une légère compensation, vous devez l’accepter ; cela ne peut pas être mis en question.

— Cela peut être et doit être mis en question. Je n’accepte pas cet argent. Si mon séjour chez vous est la cause d’une dépense trop forte pour votre revenu, je partirai.

— Où irez-vous ?

— Peu m’importe. Je gagnerai mon pain. Si je ne le peux pas, je vivrai plus volontiers encore dans un asile de pauvres que je n’accepterai l’argent de mon cousin.