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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/119

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Elle se déroba pourtant. « Non, pas cela, dit-elle. Cela ne doit pas être, cela ne peut pas être.

— Dites-moi une chose, Isabel, avant que nous allions plus, loin, et dites-la-moi franchement : m’aimez-vous ? »

Elle était debout à six pieds de lui, le regardant fixement, et déterminée à ne pas rougir devant lui. Mais elle ne sut pas d’abord quelle réponse il convenait de lui faire.

« Je sais, ajouta-t-il, que vous êtes trop fière pour dire un mensonge.

— Je ne dirai pas de mensonge.

— M’aimez-vous ? Il s’arrêta un instant. M’aimez-vous comme une femme aime l’homme qu’elle veut épouser ?

— Je vous aime.

— Alors, au nom de Dieu, pourquoi ne pas échanger un baiser ? J’ai votre amour, et vous avez le mien. Votre père et votre mère voient nos sentiments avec satisfaction. Est-ce alors une faute de donner et de recevoir un baiser ? Puisque j’ai gagné votre cœur, ne puis-je avoir le bonheur de penser que vous désirez me sentir près de vous ?

— Vous le savez bien, dit-elle, quoiqu’il soit peu convenable à une femme de le dire.

— Qu’est-ce que je sais bien ?

— Qu’il n’y a jamais eu un homme dont je me sois approchée avec plaisir, tandis qu’auprès de vous je suis heureuse. Vous donner un baiser ? Je baiserais vos pieds en ce moment, j’embrasserais vos genoux. Tout ce qui est vous m’est cher. Les objets que vous avez touchés me sont sacrés. Le livre de prières dit que la jeune femme doit aimer son époux jusqu’à ce que la mort la sépare de lui, je crois que mon amour vous suivra plus loin encore.

— Isabel ! Isabel !