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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/132

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Consterné, terrifié, paralysé par l’angoisse, le cousin Henry restait assis, silencieux, devant son interlocuteur.

« S’il y en avait un, monsieur, vous feriez mieux de le confier à quelqu’un. Votre oncle me connaissait depuis plus de quarante ans et avait une entière confiance en moi. Je ferais volontiers quelque chose pour son neveu. S’il y a quelque chose à révéler, parlez en homme. »

Le cousin Henry ne sortait pas de son silence. Il ne pouvait ni prendre le courage de nier qu’il existât un secret, ni se résoudre à tirer le livre de son rayon et à montrer le testament. Il hésitait, et cette hésitation même prouvait sa culpabilité à l’homme qui l’observait. « Oh ! monsieur Griffiths, s’écria-t-il après quelques moments, voulez-vous être mon ami ?

— Sans doute, monsieur Jones, si je puis l’être — honnêtement.

— On m’a cruellement traité.

— C’est pour vous une dure épreuve, dit M. Griffiths.

— Terrible, cruelle ! » Et il se tut de nouveau, s’efforçant de se résoudre à quelque chose, de voir à l’aide de quels moyens il pourrait sortir de cet enfer. S’il existait des moyens, peut-être arriverait-il, avec le concours de cet homme, à se dégager d’une si terrible situation. Mais, tandis que l’homme l’observait en silence, son esprit ne trouvait rien, rien.

« Il n’y a pas de mystère, » balbutia-t-il enfin.

— Aucun ? » dit sévèrement le fermier.

« Pas de mystère. Quel mystère pourrait-il y avoir ? Mon oncle a fait un testament en ma faveur. Je n’ai rien détruit. Je n’ai rien caché. Je n’ai rien fait. Si le vieillard a changé souvent d’intentions, faut-il m’en blâmer ?