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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/175

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vrant le testament, qu’il prétendrait avoir trouvé au moment même, il ruinerait son propre projet — comme il l’avait fait plusieurs fois déjà, — s’il refusait sottement de se rendre à l’appel de l’homme d’affaires. Cheekey ne serait pas dans le bureau de M. Apjohn, et il n’y aurait ni juge, ni jury, ni public pour lui faire perdre contenance par leurs regards.

« Je n’ai nullement l’intention de me retirer, dit-il, et je vous trouve impertinent de me parler ainsi.

— Je ne voulais pas l’être, monsieur Jones, mais il est nécessaire que vous veniez chez M. Apjohn.

— Très bien ; j’y serai demain à trois heures.

— Que faut-il faire pour la voiture, monsieur Jones ?

— J’irai dans la mienne.

— Naturellement ; c’est ce qu’avait dit M. Apjohn. Mais oserais-je vous dire, monsieur Jones, que tout le monde, à Carmarthen, reconnaîtra la voiture de M. Indefer Jones ? »

Autre tourment pour le malheureux. Oui, tous les habitants de Carmarthen reconnaîtraient la voiture de son oncle, et croyant, d’après les articles du journal, qu’il avait volé la propriété, ils monteraient jusque sur les roues pour le dévisager. Le clerc avait raison.

« Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, monsieur Jones ; mais ne vaudrait-il pas mieux aller et revenir tranquillement dans l’une des voitures de louage de M. Powell ?

— Très bien, dit le cousin Henry ; faites venir une voiture.

— Je pensais bien que cela valait mieux, » dit le clerc, enhardi par l’avantage facile qu’il venait de remporter sur un adversaire abattu. « Est-il besoin d’aller dans sa propre voiture, dans une circon-