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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/185

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M. Apjohn garda quelque temps le silence.

« C’est une démarche un peu risquée, » dit l’homme de loi, « quand on ne fait qu’obéir à une conviction intime. Je ne puis prouver qu’une chose : c’est que le vieil Indefer Jones a fait, dans les derniers temps de sa vie, un testament qui n’a pas été retrouvé. Nos recherches infructueuses nous ont contraints à reconnaître comme valable le dernier testament que nous avions rédigé nous-mêmes. Depuis ce moment, aucun fait nouveau ne s’est produit, à ma connaissance. La vie qu’a menée le cousin Henry à Llanfeare, sa manière d’être et ses hésitations m’ont conduit a me faire une conviction ; mais je n’oserais pas demander à un magistrat de faire de ma conviction la base d’une action judiciaire.

— Mais s’il y consentait, monsieur ?

— Même ainsi je me reprocherais à moi-même de l’avoir ainsi importuné, si la recherche devait demeurer sans résultat. Nous n’avons pas le droit de profiter de ce que ce pauvre être est sans défense, pour le torturer. J’ai déjà quelque remords d’avoir lancé sur lui Jean Cheekey. Si ce que j’imagine est vrai, que le testament est caché, peut-être dans un livre de sermons, est-il probable qu’il le détruise maintenant ?

— Il le fera avant le procès, je crois.

— Mais pas maintenant, n’est-ce pas ? Je ne le pense pas non plus. Il ne se laissera pas aller à l’accomplissement du crime avant le dernier moment. Encore est-il certain pour moi que, même au dernier moment, sa conscience sera la plus forte.

— Nous devons lui être reconnaissants, monsieur, de n’avoir pas détruit le testament après qu’il l’a eu trouvé.

— Sans doute ! Si nous voyons clair dans tout ceci, nous lui devons de la reconnaissance, tout au