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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/201

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bien que proches parents, ne s’étaient jamais vus ; ils se serrèrent la main. « L’affaire est d’une importance trop grande, pour que M. Brodrick ne soit pas venu veiller aux intérêts de sa fille.

— Je suis enchanté de voir mon oncle, » dit le cousin Henry en tournant involontairement les yeux du côté du rayon où était le volume de sermons. Je crains de ne pouvoir pas vous offrir un déjeuner convenable.

— Nous avons déjeuné avant de quitter Carmarthen, dit M. Apjohn. Si vous le voulez bien, nous causerons pendant que vous continuerez à manger. » Le cousin Henry ne pouvait plus avaler une bouchée : il dut supporter à jeun la torture de cette entrevue. « Il vaut mieux que je vous apprenne tout de suite, dit M. Apjohn, ce que nous voulons faire en ce moment.

— Que voulez-vous faire maintenant ? Je suppose que c’est toujours vendredi que je dois aller aux assises ?

— Cela dépend. Il est possible que cela devienne inutile. » En parlant ainsi, il regarda le cousin Henry et crut voir sur son visage une expression de satisfaction. Il savait bien que la plus riante perspective qu’il pût ouvrir devant son client était celle de n’avoir pas à se rencontrer avec M. Cheekey.

« Nous pensons, M. Brodrick et moi, que le dernier testament de votre oncle doit être caché quelque part dans cette maison. » De nouveau, le cousin Henry lança un regard vers le fatal rayon.

« Quand M. Apjohn parle ainsi en mon nom, » dit M. Brodrick, qui ouvrait la bouche pour la première fois, « vous devez comprendre que personnellement je ne connais rien de l’affaire ; je ne suis guidé dans mon opinion que par l’exposé qu’il m’en a fait.

— C’est très juste, dit M. Apjohn. Comme au père de la jeune dame qui serait héritière de Llanfeare si vous cessiez de l’être, j’ai cru devoir tout lui dire, — lui découvrir même mes sentiments les plus secrets.