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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/219

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Cette question des frais fut très discutée à Carmarthen. Qui payerait les longs mémoires des hommes de loi, et les voitures de louage qui plusieurs fois, avaient fait le trajet de Carmarthen à Llanfeare ? En dépit des explications bien intentionnées de M. Apjohn, le public de Carmarthen était absolument convaincu que le cousin Henry avait caché le testament. S’il en était ainsi, il ne devait pas seulement payer tous les frais, mais encore être envoyé en prison et jugé au criminel. Le jeudi et le vendredi, l’opinion lui fut très défavorable. S’il s’était montré dans la ville, on aurait été presque jusqu’à le mettre en pièces. Le tuer, vendre sa carcasse pour ce qu’elle pouvait valoir, et diminuer ainsi les dépenses faites à cause de lui, semblait être la chose la plus juste du monde. M. Apjohn était naturellement le héros du moment, et c’était lui, à ce que l’on pensait, qui aurait à payer les frais. Tous ces propos arrivèrent aux oreilles de M. Brodrick et l’amenèrent à dire quelques mots à M. Apjohn.

« Cette affaire, dit-il, sera naturellement à la charge de la propriété.

— Quelle affaire ?

— Le procès qui n’aura pas lieu, et tout le reste.

— Le procès n’a rien de commun avec la propriété.

— Le procès et la propriété ne font qu’un. Je vous le dis, parce que j’ai l’intention, comme père d’Isabel, de m’occuper ensuite de tout cela.

— En vérité, Brodrick, » dit l’avoué de Carmarthen avec cet air triomphant qu’on lui avait vu si souvent depuis la découverte du testament, « cette affaire a été pour moi la cause d’un si vif plaisir que je me soucie de mes dépenses comme d’un fétu. Si je paye de ma bourse tous les frais, depuis le commencement jusqu’à la fin, au moins aurai-je eu de