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Page:Trollope - Le Cousin Henry.djvu/76

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descendirent les trois volumes, au milieu desquels était celui qui contenait le testament. Il s’appuya contre un arbre, incapable de se soutenir, tandis que ses yeux suivaient l’opération. On regarda dans l’espace vide derrière les livres, puis on les replaça. On ne pensa pas à les examiner. Les hommes qui dirigeaient la recherche ne savaient évidemment pas que ces volumes avaient été sans cesse entre les mains du vieillard. Ils furent replacés, et la perquisition, dans cette pièce au moins, fut terminée. Quand les clercs furent sortis, le cousin Henry retourna dans la chambre et y demeura pendant le reste de la journée. Ce que l’on faisait dans les autres parties de la maison ne l’intéressait plus.

Sans doute, la disparition du testament causerait un préjudice à d’autres ; sans doute il y aurait quelqu’un qui souffrirait plus particulièrement de ce préjudice ; mais celui-là, pensait-il, ne serait pas l’objet d’un traitement aussi cruel que celui qu’on lui avait infligé à lui-même. Le testament dût-il ne jamais être trouvé, de quelle injustice n’était-il pas la victime ! Il n’avait pas demandé d’être fait héritier de la propriété. Il avait été invité à venir pour être reçu en qualité d’héritier, et, depuis son arrivée, on n’avait eu pour lui que de mauvais procédés. Les fermiers l’avaient traité avec dédain ; les domestiques mêmes avaient été insolents ; sa cousine Isabel, à qui il avait offert de partager avec lui la propriété, lui avait déclaré qu’elle éprouvait de la haine pour lui ; son oncle lui-même avait entassé insulte sur injustice, et avait aggravé l’injustice par l’expression du plus profond mépris.

« Oui, mon intention avait été de faire de vous mon héritier, et c’est pour cela que je vous ai fait venir. Je vois maintenant que vous êtes un si pauvre sire que je change d’intention. » Voilà ce que son