Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/11

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Clara, lorsque la nouvelle de la mort de son frère arriva à Belton, était auprès d’une dame veuve, sa tante par alliance, mistress Winterfield, née Folliott, qui vivait à l’autre extrémité du comté, à Perivale, petite ville que je soutiens être la plus ennuyeuse de l’Angleterre.

En apprenant le malheur qui la frappait, Clara fut anéantie par le chagrin et par la honte. La vie lui sembla à jamais finie pour elle. Mais avant même qu’elle eût rejoint son père, l’énergie de sa nature avait repris le dessus. Son frère avait été faible en échappant par la mort d’un lâche aux soucis de ce monde ; c’était à elle à montrer du courage et à supporter sans murmure la destinée qui lui était faite.

Après l’explosion de désespoir qui suivit l’arrivée de sa fille, M. Amadroz ne prononça plus le nom de son malheureux fils, et Clara se mit aux nouveaux devoirs de sa position, s’efforçant de vivre comme si elle n’avait pas été frappée de la foudre.

L’homme d’affaires de la famille avait annoncé à M. Will Belton la mort de son cousin, et M. Belton répondit par l’expression de son sincère regret et de son désir que, dans l’intérêt de sa cousine Clara, M. Amadroz pût vivre de longues années. L’homme d’affaires sourit en lisant cette lettre. Qui croit à la sincérité de tels vœux chez un héritier ? Et quel homme n’est prêt à affirmer que tels seraient ses vœux en pareille circonstance ?