Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/136

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sant la nouvelle elle-même, elle l’eût mieux comprise.

« Comme cette mort a été soudaine ! dit-elle.

— Soudaine, en vérité. Quand je l’ai quitté, il n’était pas bien portant, c’est vrai, mais il aurait pu vivre encore vingt ans comme cela. Pauvre vieillard ! Je ne sais trop pourquoi, mais je m’étais pris à l’aimer.

— Vous vous mettez à aimer tout le monde, Will.

— Non, il y a des gens que je n’aime pas. »

Will Belton, en disant cela, pensait au capitaine Aylmer et enfonçait le talon de sa botte sur le parquet.

« Que va-t-elle devenir, Will ?

— C’est à quoi je pensais.

— Sans doute vous y pensez, je le vois bien. Je voudrais que vous n’y songeassiez pas autant.

— Ne vous inquiétez pas de moi. Mais que va-t-elle devenir ? Ne pourrait-elle venir ici ? Vous êtes maintenant sa plus proche parente, Mary. »

Mary le regardait avec ses grands yeux tristes, et il vit qu’elle n’approuvait pas son projet.

« Je pourrais m’en aller, continua-t-il, et elle pourrait venir près de vous sans avoir l’ennui de me voir.

— Mais où iriez-vous, Will ?

— Qu’importe ? Au diable sans doute.

— Oh ! Will !

— Vous savez ce que je veux dire. J’irai n’importe