Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/144

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Un matin le facteur lui apporta une lettre et une nouvelle. La lettre était de M. Green et contenait un chèque de deux mille francs, qui fut retourné sur-le-champ, sans hésitation ; la nouvelle était l’arrivée de Belton.

« Je savais bien qu’il viendrait ! » Telle fut la première pensée de Clara. Quant au capitaine Aylmer, elle était également sûre qu’il ne viendrait pas. Il lui avait envoyé deux mille francs. Les deux hommes avaient agi exactement comme on devait s’y attendre. Clara ne se demanda pas à elle-même comment elle en était venue à aimer le moins digne, mais elle savait bien que tel avait été son sort.

Tout à coup elle se leva de sa chaise comme se rappelant un devoir à accomplir, et alla donner des ordres pour le déjeuner de M. Belton. Depuis la mort du squire, il n’y avait pas eu de repas réguliers dans la maison. Qui n’a souffert de cette oisiveté terrible du lendemain d’un malheur ? Nos soins ne sont plus nécessaires à l’être sur lequel pendant si longtemps se sont concentrées toutes nos pensées ; il nous semble que nous n’aurons jamais plus aucun motif d’agir. L’arrivée de Will forçait Clara à sortir de sa douloureuse apathie. Elle le reçut dans le vestibule, et le conduisit dans la chambre qu’elle lui avait fait préparer. Il passa près d’elle plusieurs heures avant de songer à la quitter. Il lui expliqua que son projet était de demeurer une huitaine de