Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/148

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mais je n’oserais pas lui proposer d’y venir, dit mistress Askerton, sans lever les yeux. Je sais très-bien que vous êtes au courant de mon histoire. Si Clara était votre sœur, la laisseriez-vous venir ici ?

— Il est inutile d’y songer, puisqu’elle va aller à Aylmer-Park.

— Je vais vous dire une chose, continua mistress Askerton après un moment de silence. Clara n’aime pas le capitaine Aylmer, et elle devrait être amenée à lire dans son propre cœur avant qu’il ne soit trop tard. Voudriez-vous que votre cousine épousât un homme qu’elle n’aime pas, parce qu’à un moment elle a cru l’aimer ? Telle est la vérité, monsieur Belton ; si elle va à Aylmer-Park, elle l’épousera et sera pour toujours une femme malheureuse. Si vous la laissiez venir ici pour quelques jours, je crois que cela remédierait à tout. Elle viendrait immédiatement, si vous le lui conseilliez. »

Will s’en alla sans répondre ; mais, en regagnant Redicote sous une froide pluie de février, il médita profondément le projet de mistress Askerton. Il comprenait très-bien qu’une visite de Clara au cottage offenserait mortellement les Aylmer. L’engagement une fois rompu, il pouvait avoir de nouveau quelque espérance. Tout le lendemain il demeura dans sa triste chambre d’auberge, fumant en réfléchissant et essayant de concilier ses désirs et son honnêteté. Le second jour, il reprit le chemin du