Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/164

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À sept heures et demie, elle descendit seule pour dîner. Un domestique qu’elle rencontra la conduisit au salon. Ce n’était pas la pièce où elle avait été reçue en arrivant, et qui avait au moins cet aspect vivant que donne l’habitation constante. Autour d’elle, tous les meubles étaient à leur place ; on ne voyait ni un livre, ni un ouvrage. Tout était froid et solennel. Clara, qui était intelligente, comprit qu’on la traitait en étrangère.

Lady Aylmer fut la première à paraître.

« J’espère que ma femme de chambre a été vous trouver ? dit-elle. »

Avant l’arrivée de Clara, la mère et la fille s’étaient demandé si miss Amadroz amènerait sa femme de chambre, et pensant qu’elle le ferait, l’avaient blâmée par avance. Fred devra payer le voyage, » disaient-elles. Mais quand elles virent que Clara venait seule, elles jugèrent qu’une jeune personne voyageant ainsi n’était pas digne d’épouser le capitaine Aylmer.

« Je donnerai peu de peine à votre femme de chambre, lady Aylmer, dit Clara, je suis accoutumée à m’habiller moi-même. »

Cela n’était peut-être pas strictement vrai quant au passé ; mais Clara avait résolu qu’il en serait ainsi à l’avenir.

« Vous feriez mieux de laisser Richards[1] vous

  1. En Angleterre, dans les grandes maisons, on appelle toujours les femmes de chambre par leur nom de famille.