Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Dites-lui que je serai partie avant qu’il puisse arriver à Belton, et dites-lui aussi que je ne serai pas orgueilleuse au point de refuser ce qu’il sera convenable de me donner. Je n’ai que lui au monde ! »

Elle éclata en sanglots et renversant sa tête en arrière, se couvrit la figure de ses deux mains.

Miss Belton se leva lentement de sa chaise, et, marchant péniblement jusqu’à Clara, resta penchée sur la jeune fille qui pleurait.

« Vous ne vous en irez pas tant que je serai ici, dit-elle.

— Si ; il ne peut venir que lorsque je n’y serai plus.

— Pensez-y encore, Clara. Ne puis-je lui dire de venir, et tandis qu’il sera ici, n’essayerez-vous pas d’adoucir votre cœur pour lui ?

— Adoucir mon cœur ! Si je pouvais seulement l’endurcir. Il attendrait.

— Oui, jusqu’à demain matin ; je le connais.

— Je ne vous demande que d’essayer de l’aimer. »

Mais Clara essayait au contraire de ne pas l’aimer. La conversation se termina comme de telles conversations finissent toujours, sans aucune décision positive. Mary écrivit bien entendu à son frère, mais Clara ne fut pas informée du contenu de la lettre. Nous pouvons cependant en avoir une idée par les deux lignes suivantes : « Si vous pouvez vous rési-