Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/27

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cieusement ; elle savait être gracieuse ou disgracieuse à volonté.

« Comment va le colonel ? demanda Clara.

— Il est à la maison, occupé à lire un roman français, suivant son habitude. Lisez-vous jamais des romans français, monsieur Belton ?

— Je lis très-peu, et quand je lis, c’est en anglais.

— Vous êtes très-occupé ?

— J’ai une grande propriété à régir qui me laisse peu de temps pour lire des romans français, quand je saurais le français, ce qui n’est pas.

Après cela, on causa chasse, et mistress Askerton trouva moyen de parler de celle de Belton, affermée par le colonel, d’un ton qui déplut à Will. Clara, voyant que la conservation s’aigrissait, prit congé.

« Vous ne me paraissez pas éprouver beaucoup de sympathie pour mon amie, dit-elle en riant dès qu’ils eurent quitté le cottage.

— Pas précisément. Le fait est que je l’ai prise d’abord pour une personne que j’ai connue autrefois, et je pensais à cette personne pendant tout le temps de la visite.

— Quel était son nom ?

— Elle se nommait miss Vigo et avait épousé un M. Berdmore. C’était une évaporée, et lui ne valait pas grand’chose. Je crois qu’ils sont morts ou divorcés.