Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/52

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dans le monde des lettres, ou ce qui s’y était passé dans d’autres temps. Il était douteux que Belton pût nommer les ministres actuels, ou qu’il sût le nom d’un seul évêque, excepté, celui du diocèse dans lequel se trouvait sa paroisse ; mais le capitaine Aylmer connaissait tout le monde, avait tout lu et entendait d’instinct tous les mouvements du milieu dans lequel il vivait.

Mais qu’importait la comparaison ? Si Clara avait pu se prouver à elle-même que son cousin Will était le plus digne d’être aimé, cela n’aurait rien changé. L’amour ne se décide pas par le mérite. Elle n’aimait pas assez son cousin pour lui donner sa main, et, hélas ! c’était l’autre qu’elle aimait.

Je doute que cette nuit-là Belton dormît aussi profondément qu’à l’ordinaire. En tout cas, le matin, avant de sortir de sa chambre, il avait pris une résolution : c’était de ne pas s’abandonner lui-même, de persévérer et de revenir à Noël.

En conséquence, lorsqu’il se trouva seul avant déjeuner avec Clara, il lui donna une poignée de main comme de coutume et ne fit aucune allusion à la veille. M. Amadroz descendit immédiatement, et Belton saisit la première occasion de dire qu’il reviendrait à Noël.

« Je croyais que c’était chose arrangée, répondit le squire.

— Certainement, mais hier j’ai dit sottement quel-